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Mercato - Caractère, parcours atypique et père encombrant : Qui est Gianluca Scamacca, l'attaquant ciblé par le PSG ?
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Publié 18/06/2022 à 23:56 GMT+2
TRANSFERTS - Il pourrait être le futur attaquant du PSG. Priorité de Luis Campos sur le mercato, Gianluca Scamacca est un jeune buteur (23 ans) au parcours atypique et au caractère bien trempé. Entre un départ à l'étranger à seulement 16 ans, un talent certain et un père parfois trop encombrant, présentation de celui que l'Italie considère comme son futur grand buteur.
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"Je veux partir". Du haut de ses 16 ans, Gianluca Scamacca n'a aucun doute. Lassé de traverser tous les jours la capitale pour partir s'entraîner à Trigoria, le centre d'entraînement de l'AS Rome, celui qui a passé sa toute sa jeunesse à Fidènes (à l'autre bout de la ville en Périphérie Nord) décide de faire ses valises. Malgré les tentatives de le retenir de Roberto Muzzi, son entraîneur, ou encore celles de Roberto Bifulco (dirigeant) et Bruno Conti, en charge de la coordination technique des équipes jeunes du club et l'un des premiers à l'avoir repéré, son choix est fait : il accepte de partir à Eindhoven pour rejoindre le PSV. Le tout accompagné de sa mère et sa sœur, dont l'attaquant est très proche.
"Je veux progresser et mon choix va dans ce sens, se justifie-t-il à l'époque. Le PSV nous donne une maison et une voiture, en plus d'avoir trouvé un travail à ma mère. Ici, elle avait des problèmes pour m'accompagner tous les jours à l'entraînement avec son boulot. Moi, je suis lassé des trajets qui ressemblent toujours à des voyages. C'est une façon de me concentrer sur le football 24 heures sur 24." Décrit comme un garçon "en or" et "au caractère affirmé", Scamacca, enfant de Rome qui a également évolué à la Lazio entre 2012 et 2015, fait le grand saut. Sans regret et sans crainte, persuadé qu'il s'agit là de la meilleure décision à prendre pour sa carrière et sa famille.
Avec la Roma, l'histoire se termine difficilement
"Devant certaines offres et certaines possibilités, c'est toujours compliqué pour un centre de formation de garder un joueur, nous confie Augusto Ciardi, journaliste romain à Teleradiostereo. Le PSV lui promettait beaucoup de choses et offrait beaucoup de garanties pour la suite de sa carrière. Il avait également d'autres propositions alléchantes. Mais à l'époque, déjà, on en disait déjà le plus grand bien ici."
Il faut dire que malgré son jeune âge, le buteur de 1m95 avait déjà étalé tout son talent en deux ans et demi avec la Roma. Par exemple, en 2014, il fut l'un des grands protagonistes de la victoire du championnat U15 (Giovanissimi Nazionali) avec 34 buts en 30 matches, dont un précieux lors de la finale face à la Juventus. Federico Coppitelli, son entraîneur de l'époque, décide même de l'emmener avec lui dans la catégorie supérieure. Jouer avec les plus grands, Scamacca le fait aussi lorsqu'il est convoqué avec la sélection italienne U19.
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La Roma, vraie fabrique à talents (Pellegrini, Frattesi, Florenzi etc...) grâce notamment à la vision de son ex-technicien Alberto De Rossi, encaisse un peu moins de 300.000 euros de la part du PSV. L'histoire se termine mal entre les Giallorossi et son attaquant. Décembre 2014 : ce dernier rate plusieurs entraînements et le derby face à la Lazio. En janvier, il ne se présente pas à la reprise, bien décidé à partir là où on lui offre un salaire minimum de 70.000 euros. "Ils ont compris que c'était fini malgré une ultime relance (...) Pour la Roma, il y avait un seuil à ne pas dépasser. Si elle cédait, les autres jeunes du club auraient suivi le mouvement pour demander les mêmes sommes. C'était comme ouvrir la boîte de Pandore", nous explique l'un des connaisseurs du dossier.
Aux Pays-Bas, l'expérience ne se passe pas vraiment comme espéré. Malgré des débuts en professionnel avec le Jong PSV en Keuken Kampioen Divisie (deuxième division) et deux petites apparitions en Youth League, Scamacca ne s'impose pas. Il peine à s'acclimater à cette nouvelle réalité et ressent rapidement le mal du pays. Après deux ans, le voilà de retour en Italie, où Sassuolo décide de le rapatrier.
"Quand je suis arrivé au PSV, mes coéquipiers me regardaient bizarrement, confiait-il l'an passé à SportWeek sur son expérience néerlandaise. Eux, ils étaient "propres" alors que moi, j'avais déjà trois tatouages à 16 ans. Pour prendre une glace avec eux, je devais demander dix jours à l'avance. Sur le terrain, quand je touchais le ballon avec le talon, on me disait : "Tu veux faire comme Ibrahimovic ?". Mais moi, j'ai toujours eu ça. Le talon, la semelle : tu apprends ça dans la rue. Mais je ne regrette pas, je voulais élargir mes horizons, apprendre une nouvelle langue et faire une nouvelle expérience."
A peine débarqué à Sassuolo que l'attaquant de 18 ans est intégré à la Primavera du club neroverde, avec qui il remporte en mars 2017 le prestigieux tournoi de Viareggio, qui regroupe chaque année les meilleures équipes jeunes d'Italie et d'autres pays. Deux ans plus tôt, avec le PSV, le Romain s'était d'ailleurs illustré face à l'AC Milan d'un certain... Gianluigi Donnarumma. Mais cette fois, il en est le grand protagoniste en inscrivant trois buts lors de la phase à élimination directe, en plus de transformer le cinquième penalty en demi-finale face au Torino puis en finale contre Empoli. Sassuolo triomphe, Scamacca explose.
Une série de prêts et un record
Conscient de son talent, ses dirigeants décident de le promouvoir en équipe première la saison suivante. Mais en janvier, après avoir disputé seulement une vingtaine de minutes en Serie A avec quelques allers-retours en Primavera, son club accepte de l'envoyer en prêt à la Cremonese, en Serie B, où il inscrit son premier but chez les pros. S'en suivront d'autres au Pec Zwolle (Pays-Bas) et Ascoli (Serie B), où il cumule des minutes précieuses avant de découvrir vraiment l'élite avec le Genoa lors de la saison 2020-2021. Des années de nomade qui vont lui servir.
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Gianluca Scamacca, Genoa 2020-2021 (Getty Images)
Crédit: Getty Images
Désormais international U21, Scamacca commence à faire parler de lui. 29 matches, 12 buts en Serie A : son apprentissage au très haut niveau se passe plutôt bien. Il établit même un record historique en Coupe d'Italie, devenant le premier joueur à finir meilleur buteur de la compétition pour deux années de suite (2019-2020 avec Ascoli, 2020-2021 au Genoa) et avec deux équipes différentes. Seul Gianfranco Petris était parvenu à réaliser cet exploit (1959-60 et 1960-1961) mais uniquement sous le maillot de la Fiorentina. Sassuolo décide alors de le récupérer, et cette fois définitivement. Avant, toutefois, Scamacca doit composer avec un drôle de fait divers.
Barre de fer et menaces
Trigoria, le 18 mai. Un homme fait irruption au centre d'entraînement Fulvio Bernardini de la Roma aux alentours de 19h30 avec une barre de fer, n'hésitant pas à s'en prendre à plusieurs voitures dont celles de certains dirigeants. Il s'agit d'Emiliano Scamacca, le père de Gianluca, veste de Sassuolo sur le dos. Les jeunes du centre de formation, qui s'entraînent à quelques mètres de là, sont vite mis à l'abri.
La police intervient rapidement pour neutraliser un homme décrit comme "hors de lui", se dirigeant vers les bureaux tout en "insultant à plusieurs reprises" plusieurs individus. L'un d'entre eux serait Bruno Conti, à qui il réclamait visiblement de l'argent. Face à cette situation surréaliste, l'attaquant décide de réagir dans les colonnes de La Gazzetta dello Sport.
"J'ai été très choqué par ce qu'il s'est passé. Je ne sais vraiment pas comment l'expliquer, s'explique-t-il. Nous avons des relations distantes depuis un certain temps. Mon père n'a jamais rien eu à voir avec la gestion de ma carrière, encore moins ces dernières années. (...) Il n'a pas vécu avec ma mère depuis longtemps. J'ai grandi avec ma mère et ma sœur, ma seule famille."
Abasourdi pendant plusieurs jours, celui qui connaîtra sa première cape avec la Nazionale quelques mois plus tard (en septembre, ndlr) face à la Lituanie repart rapidement au combat. Il faut dire qu'il en a connu d'autres durant sa jeune carrière, comme ses nombreux changements d'agents, et une pression médiatique pas vraiment évidente à gérer. "Mais ce n'est pas un garçon problématique, assure Augusto Ciardi. C'est juste quelqu'un d'ambitieux qui a compris qu'il pouvait faire de grandes choses avec ses qualités de footballeur. C'est indiscutable que nous parlons de l'un des attaquants les plus prometteurs en Italie avec une possible dimension internationale au vu de ses qualités physiques et techniques."
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Gianluca Scamacca
Crédit: Getty Images
Et maintenant, Paris ?
Considéré comme le futur grand attaquant de la sélection italienne, Scamacca pourrait profiter de la reconstruction entamée par Roberto Mancini pour définitivement prendre sa place à la pointe de l'attaque. "Il est prêt", a assuré le sélectionneur italien, qui n'a pas hésité à le titulariser face à l'Allemagne et l'Angleterre en Ligue des Nations. Par défaut ? Probablement, notamment si l'on prend en compte la pénurie de buteurs que connaît la Botte depuis des années malgré les performances de Ciro Immobile avec la Lazio Rome. Mais il est également indéniable que l'attaquant de Sassuolo, auteur de 16 buts en 38 matches cette saison, pourrait en avoir les épaules. "Il sait tout faire bien mais il peut encore progresser, assurait en mai dernier son entraîneur Alessio Dionisi. Son potentiel est incroyable et c'est un garçon exceptionnel sous tous les points de vue."
Alors, la grande question est désormais la suivante : est-il prêt pour une expérience comme le PSG ? A 23 ans, Scamacca y découvrirait la Ligue des champions, mais aussi la pression d'un très grand club, en plus de ses exigences, ses objectifs et sa pression quotidienne. Pas vraiment évident à gérer pour un joueur qui n'a jamais connu un vestiaire de stars. Mais sa force de caractère a toujours su prendre le pas sur le reste. Son talent aussi. Luis Campos, qui négocie en personne pour le faire venir, y croit. Peut-être pas comme le titulaire d'aujourd'hui, mais certainement comme celui de demain.
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Compatibilité avec Mbappé, 4-3-3, 4-4-2... Comment Paris utiliserait Scamacca ?
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Autre question : son prix est-il vraiment justifié ? "Sassuolo est un club très fort pour faire grimper les prix de ses pépites, nous répond un intermédiaire habitué à négocier avec le club vert et noir. Il suffit de voir le nombre d'interviews de certains dirigeants ces derniers mois... Télés, journaux, ça n'arrête pas. Et ça marche. Regardez un joueur comme Andrea Pinamonti, qui a fait une superbe saison avec Empoli et dont personne ou presque ne parle. S'il jouait à Sassuolo, ce serait autre chose. Scamacca est très fort, mais il a aussi cette chance..." Selon la presse italienne, le PSG serait prêt à mettre plus de 40 millions d'euros sur la table pour s'attacher ses services.
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